jeudi 25 octobre 2007

FAUT PAS RIRE DU BONHEUR



Michel, quarante cinq ans, vient de perdre sa femme ; il est seul au coin d'un bar, le soir de Noël. Au cours de la nuit, ses rencontres avec des personnages plus ou moins en perdition, lui offrent une surprise : Nadine. A elle, il livrera son secret. A lui, Nadine livrera le sien. Ils fuiront ensemble cette nuit pleine de coïncidences. En marge du festival dans la catégorie "Cinémas en France"

Il y a un type, Michel, qui vient de perdre sa femme et zone dans un bar la nuit de Noël. Puis un autre, André, qui s’apprête à fêter l’événement en famille. Une bière au comptoir le rapproche du premier. Puis il y a une femme et bien d’autres personnages. L’histoire est glauque à faire passer « la Petite Marchande d’allumettes » pour une comédie loufoque. ’écriture ne fait que renforcer cette impression tant le parti pris de stylisation, couleurs denses et décors vides, est appuyé. La référence est, probablement, à rechercher dans un certain réalisme poétique qui nous avait valu en leur temps des films aussi poisseux que « Quai des brumes ».

Mais, face à une telle volonté de refus d’ouverture, face à une telle cohérence ne laissant aucune échappatoire, ça ne peut que passer ou casser d’un coup. Ici, ça casse, pour cause de dialogues indigents, de manque d’une vraie direction d’acteurs, d’absence de choix entre Céline et Chantal Akerman. Dommage.

Film soutenu par l'ACID : Association du cinéma Indépendant pour sa Diffusion. Un film très particulier, avec une ambiance lourde, stérile et poisseuse, comme ces cafés de banlieue, où le mal de vivre n'est pas dû aux conversations qu'on entend, mais au comptoir de formica sur lequel au cours de longues années identiques s'est collé une couche de graisse et de tabac, et aux visages des gens qui vous entourent, ni agréables, ni désagréables, mais juste ceux d'humains sans plus d'intérêt que la couche de peau qui couvre votre mauvais café au lait. Et un film où l'amour entre deux adultes se résume à ce qu'il est généralement, c'est-à-dire juste l'attraction banale et provisoire de deux particules dans l'immensité du vide. Nicloux maîtrise parfaitement son espace, et son cinéma ne revendique aucune paternité ni même fraternité, ce qui lui permet ainsi d'aborder de front la réalité qui l'entoure, à travers une vision concise et clinique d'une certaine existence petite bourgeoise. Il est à ma connaissance le premier réalisateur capable de transcrire avec autant de force le poids émotionnel de certains petits pavillons de la banlieue parisienne.

Un genre de film shoot qui commence par un écoeurement, un trop plein de mélancolie
Espérons que ce quatrième long métrage de ce réalisateur aussi personnel que prolifique (il n'a que 27 ans), permettre aussi au public de découvrir ses œuvres précédentes, dont l'étrange « Les enfants volants ». "C'est un film rêvé, à moins que ce ne soit un chauchemar. Un genre de film shoot qui commence par un écoeurement, un trop plein de mélancolie. (...) "Au terme d'un enchevêtrement de situations grotesques et d'atmosphères fantasques", selon la jolie formule de Guillaume Nicloux, (...) Nadine et Michel vont traverser, tant bien que mal cette date désespérante du 24 décembre. En fait de nativité, le paysage est à leur suite jonché de cadavres passionnels, d'hommes pourris et de femmes humiliées. Mais eux n'ont tué personne. (...) "Faut pas rire du bonheur" est un drôle d'objet. A l'image de son titre piégé et retournable comme un gant : du malheur, il ne faut pas trop pleurer." (Olivier Séguret - Libération)